Textes et commentaires.bac français/2008 - ac-reims
  Texte 2
 

"Candide" , chapitre 3 , Voltaire

Comment Candide se sauva d'entre les Bulgares, et ce qu'il devint.

Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons; formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.

Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin; il était en cendres: c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros, rendaient les derniers soupirs; d'autres à demi brûlées criaient qu'on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.

Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village: il appartenait à des Bulgares, et les héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais mademoiselle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande; mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu'on y était chrétien, il ne douta pas qu'on ne le traitât aussi bien qu'il l'avait été dans le château de M. le baron, avant qu'il en eût été chassé pour les beaux yeux de mademoiselle Cunégonde.

Il demanda l'aumône à plusieurs graves personnages, qui lui répondirent tous que, s'il continuait à faire ce métier, on l'enfermerait dans une maison de correction pour lui apprendre à vivre.

Il s'adressa ensuite à un homme qui venait de parler tout seul une heure de suite sur la charité dans une grande assemblée. Cet orateur le regardant de travers lui dit: Que venez-vous faire ici ? y êtes-vous pour la bonne cause ? Il n'y a point d'effet sans cause, répondit modestement Candide; tout est enchaîné nécessairement et arrangé pour le mieux. Il a fallu que je fusse chassé d'auprès de mademoiselle Cunégonde, que j'aie passé par les baguettes, et il faut que je demande mon pain, jusqu'à ce que je puisse en gagner; tout cela ne pouvait être autrement. Mon ami, lui dit l'orateur, croyez-vous que le pape soit l'antechrist ? Je ne l'avais pas encore entendu dire, répondit Candide: mais qu'il le soit, ou qu'il ne le soit pas, je manque de pain. Tu ne mérites pas d'en manger, dit l'autre: va, coquin, va, misérable, ne m'approche de ta vie. La femme de l'orateur ayant mis la tête à la fenêtre, et avisant un homme qui doutait que le pape fût antechrist, lui répandit sur le chef un plein..... O ciel ! à quel excès se porte le zèle de la religion dans les dames !

Un homme qui n'avait point été baptisé, un bon anabaptiste, nommé Jacques, vit la manière cruelle et ignominieuse dont on traitait ainsi un de ses frères, un être à deux pieds sans plumes, qui avait une âme; il l'amena chez lui, le nettoya, lui donna du pain et de la bière, lui fit présent de deux florins, et voulut même lui apprendre à travailler dans ses manufactures aux étoffes de Perse qu'on fabrique en Hollande. Candide se prosternant presque devant lui, s'écriait: Maître Pangloss me l'avait bien dit que tout est au mieux dans ce monde, car je suis infiniment plus touché de votre extrême générosité que de la dureté de ce monsieur à manteau noir, et de madame son épouse.

Le lendemain, en se promenant, il rencontra un gueux tout couvert de pustules, les yeux morts, le bout du nez rongé, la bouche de travers, les dents noires, et parlant de la gorge, tourmenté d'une toux violente, et crachant une dent à chaque effort.

Introduction :

Un des plus grands écrivains français : dramaturge, polémiste satirique, philosophe, historien et moraliste. François-Marie Arouet (alias Voltaire) est originaire d'un milieu bourgeois, son père était notaire. Il fait de brillantes études chez les jésuites de Louis-Le-Grand. Des vers irrévérencieux l'obligent à rester en province, puis provoquent son incarcération à la Bastille (1717). Une altercation avec le chevalier Rohan-Chabot le conduit à nouveau à la Bastille, puis le contraint à un exil de trois ans en Angleterre. Au contact des philosophes d'Outre-Manche où la liberté d'expression était alors plus grande qu'en France, il s'engage dans une philosophie réformatrice de la justice et de la société , et milite pour les droits de l'homme et la liberté d'expression . Il est aussi opposé à l'influence de l'Eglise dans l'éxercice du pouvoir.

Dans ce texte , nous sommes au chapitre 3 du livre : Candide a été chassé du chateau de Westphalie car il avait cédé aux avances de Mlle Cunégonde. Il s'engage alors dans l'armée bulgare où il va découvrir la guerre. Nous étudierons d'abord l'horreur de la guerre puis la critique des exces idéologique.

I)L'iniciation par la guerre

Celle-ci est présentée comme un enfer dans le 2eme paragraphe , elle est une abomination dans l'exercice du pouvoir . Le rythme des phrases est saccadée par une ponctuation abondante. L'auteur alterne deux temps du passé (imparafait et passé simple) . L'horreur de la guerre est aussi prouvée par le vocabulaire anatomique: "mamelle , cervelle , jambe..." . Il y a beaucoup de sensation visuelles et auditives cela ajoute une impression de réalisme . Candide est effrayé , abasourdi. La tension dramatique du passage est encore renforcée par certains adverbes et adjectifs indéfinis "d'abors ici la d'autre..." : gradation dans l'horreur , succession d'images éprouvantes ce qui donne de la profondeur au champ de bataille. Cette guerre entre les bulgares et le arabes devient aussi un crime collectif contre les civils (politique de la terre brulée) , l'humanité s'anéanti elle même. Candide est naif et voit la guerre comme une harmonie. "si...si...si..que" > accumulation de l'intensité . "ne...que" > négation restricitve , hyperbole . La guerre est faussement embellie par un personnage naif ; ironie : contre emploi de candide par voltaire.  Voltaire utilise le rythme ternaire pour présenter le bilan humain (L3/4/5) . Les approximation "a peu pres 6000 hommes" signifient qu'il s'agit d'une quantité négligeable , indéterminée et presque sans importance . Candide pense que la guerre est merveilleuse car il a l'esprit déformé par pangloss , car les deux s'imaginent que le monde est parfait , que le mal n'existe pas , d'ou l'ironie de l'auteur car la guerre est présentée comme une chose normale. "boucherie héroique" > rapprochement paradoxal , comme une guerre "si belle ,si brillante ..." .

II) La dénonciation des exces idéologiques

Chaque roi fait chanter le meme te seum donc les hommes se battent et meurent pour la meme religion , le meme dieu. Voltaire dénonce les rituels religieux , qu'il trouve absurde et fanatique. Ensuite candide rencontre l'orateur , un personnage intolérant qui refuse de le secourir . La foi est exagérée et trahit son propre message de charité. Ensuite il rencontre un anabaptiste généreux . Il finira par progresser grace a ses rencontres . Voltaire critique également l'optimisme de Leibniz , un philosophe allemand du XVIIeme qui représentait le monde comme un mécanisme parfait gouverné par dieu. A partir de la il n'y a ni mal ni hasard. Voltaire est en désaccord avec Leibniz , il pense que le mal existe et qu'il doit etre combattu (il est jésuite). Il y a une caricature de Leibniz en utilisant Pangloss et Candide : ces deux personnages pensent que puisque la guerre éclate alors c'est bien>polémique , raisonnement de Leibniz poussé a l'extreme , ironie car le "gueux" est en fait Pangloss: il a éxhappé a la mort de manière invraisemblable mais il sera quand meme content. Il s'agit d'une "mise a mort" de l'optimisme , la rélité du monde l'emporte sur les exces idéologiques de Leibniz . Mais meme a la suite de tout cela , Candide est toujours naîf.

Conclusion :

Nous avons d'abord étudié l'initiation par la guerre qui est présentée comme l'enfer . Les ignominies sont d'autant plus insoutenables qu'elles sont présentées par un personnage naîf qui voit la guerre comme une harmonie , elle est faussement embellie d'ou l'ironie de l'auteur. Pour Candide la guerre est merveilleuse , banale car il a l'esprit déformé par Pangloss. Nous avons ensuite étudié la dénonciation des exces idéologique: sans le savoir des hommes se battent et meurent pour la meme religion , le meme dieu. Voltairedénonce ainsi les rituels religieux qu'il trouve absurde et fanatique. Candide rencontre un orateur protestant intolérant ,sectaire , contrairement a jacques un anabaptiqte qui veut se rendre utile malgré les humiliations qui lui ont été infligées. Voltaire critique aussi les exces l'optimisme philosophique de Leibniz , lui pense que le mal existe et doit etre combattu et caricature et éxagérant les idées de Leibniz en utilisant Pangloss en Candide

 
  3944 visiteurs (8304 hits) sont venus sur ce site  
 
Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement